Justice
Roundup : aux Etats-Unis, Monsanto condamné à payer 2,25 milliards de dollars de dommages
Le jury d’un tribunal de Philadelphie a condamné vendredi 26 janvier le géant américain Monsanto à verser 2,25 milliards de dollars de dommages et intérêts à un homme affirmant que le Roundup est à l’origine de son cancer.
Une grosse somme pour un immense préjudice. Le groupe Monsanto, filiale du géant allemand Bayer, a été condamné vendredi 26 janvier par le jury d’un tribunal de Philadelphie (nord-est) à verser 2,25 milliards de dollars de dommages et intérêts à un homme qui accusait le désherbant Roundup d’être à l’origine de son cancer. L’avocat du plaignant John McKivison, Ron Miller a confirmé que les jurés de ce tribunal civil de l’Etat de Pennsylvanie avaient bien attribué à leur client une telle somme d’indemnité compensatoire. Selon lui, Bayer a fait de «mauvais choix dans ce dossier». «Le fait qu’ils n’aient pas cherché davantage à trouver un accord amiable est un mystère», estime-t-il.
Le demandeur affirmait que son lymphome non-hodgkinien, un cancer du système lymphatique, était lié à l’utilisation du Roundup, dont le principe actif est le glyphosate. Le groupe a indiqué son intention de faire appel de la décision et conteste la nocivité du produit incriminé. Pourtant, ce même glyphosate a été classé, en 2015, «cancérogène probable» par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a, elle, indiqué n’avoir pas identifié de «domaine de préoccupation critique» chez les humains, les animaux et dans l’environnement de nature à empêcher l’autorisation de l’herbicide. Tout en reconnaissant un manque de données.
165 000 procédures entamées contre Monsanto
Monsanto a en tout cas réaffirmé son intention d’aller au procès à chaque fois qu’il est attaqué au sujet des effets supposés du Roundup. Il a souligné avoir obtenu gain de cause dans plusieurs procédures récentes liées au Roundup, s’appuyant sur «des évaluations de régulateurs et de scientifiques qui continuent à considérer ce produit comme sûr». Selon Bayer, 113 000 des quelque 165 000 procédures entamées contre Monsanto et liées au désherbant ont été résolues ou déclarées irrecevables, à ce jour. Dans la plupart des cas, c’est parce que l’entreprise a dépensé plusieurs millions de dollars pour aboutir à un accord avec les plaignants pour empêcher la procédure d’aller à son terme. Malgré tout, mi-novembre, le jury d’un tribunal du Missouri (centre des Etats-Unis), a infligé à Monsanto 1,5 milliard de dollars de dommages et intérêts au bénéfice de trois Américains qui avaient, eux aussi, imputé leur lymphome non-hodgkinien à des années d’utilisation du Roundup. Le groupe a également fait appel de cette condamnation.
En juin 2020, le géant pharmaceutique et biotechnologique a conclu un accord amiable couvrant, selon l’entreprise, environ 75 % des 125 000 actions alors en cours. La transaction prévoyait le versement d’une somme totale comprise entre 10,1 et 10,9 milliards de dollars. Bayer a aussi consacré 400 millions de dollars à l’indemnisation de personnes exposées à un autre herbicide, le dicamba, et 820 millions pour des contentieux liés aux PCB (polychlorobiphényles), polluants dits éternels. En 2021, l’entreprise a alloué 4,5 milliards de dollars supplémentaires à la gestion de ces procédures, portant le total de l’enveloppe à plus de 16 milliards. De sacrées sommes pour des produits soi-disant «non nocifs».
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