Le Fluor contient des polluants éternels
Le fluor utilisé pour cirer les skis contient des polluants éternels qui se répandent sur les pistes et se diffusent dans l’environnement à chaque glissade.
Les skis qui ont été cirés laissent derrière eux une trainée de produits chimiques toxiques pour l’environnement et la santé humaine, selon une récente étude qui a analysé la neige sur des pistes autrichiennes.
Certains skieurs pourrissent littéralement la neige pour des centaines d’années. Selon une nouvelle étude, la cire pour skis contient des polluants éternels qui se répandent sur les pistes et y restent pour de bon. À chaque glissade, ce sont donc des particules chimiques et potentiellement perturbatrices pour l’environnement qui s’immiscent dans la neige, puis dans le sol, et les cours d’eau.
Le ski, mauvais pour notre santé ?
Les chercheurs de l’Institut James Hutton d’Aberdeen (États-Unis) et de l’Université de Graz en Autriche qui ont publié ces travaux dans la revue Environnemental Science ont commencé par analyser des échantillons de neige déposée au sol dans plusieurs pistes et spots de glisse de stations de ski autrichiennes. Ils ont évalué les niveaux d’une trentaine de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) contenues dans ces échantillons, et ont comparé le profil de ces produits chimiques à la composition des cires pour ski achetée dans le commerce, dans lesquelles on trouve du fluor. La moitié de ces polluants, dits « éternels » ou « persistants » car il leur faudrait des centaines d’années pour se décomposer, ont été retrouvés dans la neige sur laquelle des skieurs sont passés. Tout comme ceux que l’on retrouve dans les poêles anti-adhésives, les mousses anti-incendie, ou les tissus imperméables, ces produits sont conçus pour ne pas se dégrader, et c’est là tout le problème.
Avant d’aller sur les pistes, les skieurs ont pour habitude d’appliquer sur la semelle de leurs skis ce qu’on appelle du fart, un genre de cirage permettant d’améliorer le glissement ou l’adhérence sur la neige.
Or dans ce produit, on dénombre pas moins de quatorze types différents de produits chimiques PFAS (pour «substances per- et polyfluoroalkylées»), des composants particulièrement polluants réputés «produits chimiques éternels», en raison de leur persistance dans l’environnement.
«Ces produits chimiques sont appelés « produits chimiques éternels » parce qu’il leur faudra des centaines d’années pour se décomposer. Ils pourraient donc s’accumuler ou se répandre dans l’environnement au sens large, y compris dans les nappes phréatiques, ce qui est le principal sujet de préoccupation», explique Viktoria Müller, chercheuse au The James Hutton Institute, à Abderdeen, et co-autrice d’une récente étude sur le sujet menée sur les pistes des stations de ski autrichiennes.
Des pistes saturées de polluants
Les PFAS, que l’on retrouve aussi bien dans des produits industriels que dans des produits de consommation, peuvent pour certains être en partie responsables de cancers, de maladies thyroïdiennes, de problèmes du système immunitaire ou encore d’infertilité.
Dans les stations de ski autrichiennes, où ont été prélevés des échantillons des sols pour les besoins de l’étude, un niveau de concentration de quatorze PFAS différents bien plus élevé que dans les zones qui ne sont pas utilisées pour skier a été relevé.
Même sur les zones non-skiables, Viktoria Müller note que leurs relevés témoignent malgré tout de la présence de PFAS «en raison de l’ampleur de la propagation de ce produit chimique dans l’environnement».
En mars 2023, la Fédération internationale de ski et de snowboard a décidé d’interdire l’utilisation du fluor pour le fartage des skis dans les courses professionnelles en raison du risque de toxicité qui lui est attaché.
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