Ou sont passés ces 7 milliards de l’Unédic ?
Cette décision constitue un nouveau rebondissement dans un dossier à tiroirs particulièrement complexe. Tout commence à l’automne 2018, lorsque Mme Aouimeur prend les rênes du régime AGS, un organisme de protection sociale au fonctionnement très atypique. Il permet aux salariés de sociétés battant de l’aile ou liquidées de continuer à être payés. L’argent est mis à disposition de mandataires judiciaires qui le redistribuent ensuite aux travailleurs concernés. Le dispositif est gouverné par une association patronale, tout en étant rattaché à l’Unédic, l’association paritaire qui gère l’assurance-chômage.
Le scandale de la disparition de 7 milliards d’euros de l’association patronale de garantie des salaires embarrasse l’Unédic
Des milliards évaporés sans que personne ne s’inquiète. Des salariés qui portent plainte après avoir découvert qu’une partie de l’argent du fonds de garantie patronal ne leur est pas parvenue. Les révélations de l’ex-directrice du régime de garantie des salaires ont conduit à l’ouverture d’une enquête. Mais tout est fait pour décrédibiliser Houria Aouimeur-Milano.
Huit mois après le début d’une procédure en référé devant le tribunal des prud’hommes de Paris, Houria Aouimeur-Milano a été déboutée mardi dernier de sa demande de reconnaissance de statut de lanceuse d’alerte. Une déconvenue judiciaire pour l’ancienne directrice nationale de la délégation Unédic AGS (DUA), débarquée voilà dix mois pour « faute lourde » par l’Unédic, alors qu’aucune pièce du dossier n’établit une telle accusation.
Mais ceux qui ont eu l’occasion de croiser ces dernières années cette dame de fer, chargée de mettre de l’ordre dans cet organisme cogéré par l’Unédic et le Medef, dont la mission est de garantir les salaires des entreprises en difficulté, le savent : Houria Aouimeur-Milano n’est pas femme à baisser les bras. Elle en a vu d’autres. Intimidations. Menaces. Harcèlement moral. Et maintenant, harcèlement judiciaire ? Regard assuré, voix ferme, elle se dit « sereine » et bien décidée à interjeter appel. « Je ne vais pas m’arrêter. Je suis déterminée à aller jusqu’au bout de ma démarche. » Peu importe que la justice lui refuse le statut de lanceur d’alerte.
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