Catégorie : économie

 

Les inondations de Dubaï ont-elles été causées par l’homme ?

François Gemenne : c’est une théorie qui circule pas mal, et qui pointe le rôle de la géo-ingénierie dans ces inondations : ces pluies torrentielles seraient dues à une opération de géo-ingénierie qui aurait mal tourné. Les Emirats arabes unis auraient voulu faire pleuvoir artificiellement à l’aide d’une technique d’ensemencement des nuages par avion, et l’opération ne se serait pas passée comme prévu.

L’ensemencement des nuages, pratique controversée, est pointé du doigt. Mais…

Dubaï, Émirats arabes unis, 16 avril 2024.
 Dubaï, Émirats arabes unis, 16 avril 2024. Photo d’illustration. Crédit : Shutterstock

Le petit paradis des influenceurs qu’est Dubaï, a connu la semaine dernière des inondations exceptionnelles, que nous avons pu observer dans tous les médias. Nous connaissons le peu de considération écologique de ces pays qui ont fait de l’or noir, le pétrole, une richesse incommensurable. Sur les réseaux sociaux, une pratique peu écologique est pointée du doigt : l’ensemencement des nuages, une pratique sur laquelle je reviendrai ensuite. Les autorités démentent et les scientifiques s’entendent sur le fait que l’ensemencement ne peut pas être la seule cause de ces pluies torrentielles. Mais, cet ensemencement pourrait-il contribuer au dérèglement climatique ? Et, provoquer ces pluies plus souvent ? Décryptage.

Quand l’homme modifie la météo

Lors de cet épisode météorologique, plus de 120 millimètres d’eau sont tombés sur cet endroit de la planète. Une quantité qui correspond approximativement à deux ans de précipitationsdans cet État du golfe. Connu pour son climat désertique, Dubaï ne fait généralement pas la une des journaux pour des précipitations pluvieuses. L’État de Dubaï pratique l’ensemencement des nuages, une technique utilisée pour augmenter la quantité de pluie ou de neige qui tombe d’un nuage. On le fait traditionnellement dans les régions où il y a peu de précipitations naturelles. Lorsqu’un nuage est « ensemencé », on y injecte des substances comme de l’iodure d’argent ou du dioxyde de carbone solide. Ces substances agissent comme des noyaux de condensation, c’est-à-dire qu’elles aident les gouttelettes d’eau ou les cristaux de glace à se former plus facilement et par conséquent, provoque des pluies.

Les systèmes de drainage bloqués par les fortes pluies à Dubaï le 16 avril 2024,

La géoingénierie, une technique utilisée depuis longtemps

Bien entendu, la première raison invoquée est le changement ou dérèglement climatique. Cependant, le message d’un internaute, consulté plus de 12 millions de fois, sème le trouble. Dans ce message, il invective ceux qui « blâment le changement climatique ». Et, il ajoute plutôt qu’une « modification de la météo » par l’homme serait plutôt en cause. Pour lui, l’ensemencement des nuages, également appelé géoingénierie, allègrement pratiqué dans ces régions, serait en cause, ainsi que les nombreux produits chimiques pulvérisés pour créer de la pluie. Cette technique est utilisée depuis plus de 20 ans dans cette région du monde, les autorités y voyant une manière d’augmenter les pluies dans cette région où il ne pleut quasiment jamais. Ainsi, plus de 300 missions d’ensemencement des nuages seraient réalisées chaque année avec des avions spécifiquement développés pour cet usage. Cela laisse réfléchir…

Des pratiques de voitures que l’on peut qualifier de « jetables”.

 Des voitures électriques jetables? 

RTL

© Photographie 3alexd / Getty Images© 

Pourra-t-on profiter aussi longtemps de notre future voiture électrique que de la petite dernière thermique ? Il est malheureusement permis d’en douter. 

Passer d’une voiture thermique et mécanique à une voiture entièrement électrique, c’est accepter qu’elle soit, elle aussi, victime un jour d’obsolescence plus ou moins programmée, à l’image aujourd’hui de ce qui se passe avec nos smartphones ou de nos machines à laver. Il y deux raisons évidentes à cela. Premièrement, la difficulté à remplacer les batteries et deuxièmement l’obsolescence programmée des logiciels embarqués.

Sur ce sujet, l’association HOP (pour « Halte à l’obsolescence programmée ») vient de tirer la sonnette d’alarme en publiant son dernier rapport intitulé « L’obsolescence accélérée des voitures thermiques et électriques« . Pour elle, certains constructeurs développent même des pratiques de voitures que l’on peut qualifier de « jetables”.

Aujourd’hui, la durée de vie moyenne d’une voiture en France est proche de vingt ans, mais paradoxalement, les récents progrès technologiques et la transition vers le tout électrique risquent fort de faire lourdement chuter ce chiffre.

Le plein d’obsolescence !

Le nerf de la guerre dans l’électrique, c’est la durée de vie des batteries. Le cabinet de conseil Carbone 4 a ainsi estimé qu’une batterie lithium-ion était en moyenne conçue pour supporter entre 1.000 et 1.500 cycles, soit en théorie une durée de vie de près de quinze ans à raison de deux recharges par semaine. Mais cette statistique se heurte malheureusement à la réalité : les batteries perdent en efficacité avec le temps, parfois même très rapidement.

Le problème est qu’à l’heure actuelle, remplacer une batterie, après un incident technique ou un accident de la route, s’avère extrêmement compliqué, à la fois pour des questions de réparabilité et de disponibilité. Résultat : il est parfois plus simple, et surtout plus rapide, de changer carrément de voiture.

Selon HOP, certains constructeurs de véhicules électriques optent pour des batteries clairement inaccessibles, souvent pour des raisons de coût de production, dénonçant au passage les pratiques de Tesla ou du chinois BYD, avec leurs batteries intégrées dans de gros blocs parfois indémontables.

Difficiles à réparer

Dans certains cas, les batteries sont tout simplement impossibles à remplacer. Cela peut parfois être plus simple, mais quoi qu’il arrive, le prix de la réparation ou du changement est très élevé ! Surtout qu’il faut se rappeler que la batterie, à elle seule, représente souvent près du tiers du prix d’une voiture électrique !

Il y a également tout l’aspect « logiciel » à prendre en compte dans les voitures modernes, et pas seulement électriques d’ailleurs. Or, comme n’importe quel appareil connecté, smartphone ou ordinateur, il arrivera un jour où les mises à jour ne seront plus compatibles avec un matériel vieillissant.

Face à toutes ces problématiques, HOP s’autorise quelques recommandations, à l’attention notamment des autorités européennes. À elles de prendre des mesures pour que la durabilité devienne la norme et que les constructeurs instaurent notamment des garanties de réparabilité de leurs batteries, qu’ils proposent un vaste réseau de pièces détachables, disponibles pendant au moins vingt ans, et continuent la maintenance et les mises à jour de leurs logiciels au moins aussi longtemps. Tout ça, c’est un sacré défi!

Pourtant, c’est essentiel, et pas seulement d’un point de vue économique pour les automobilistes. C’est aussi vital pour la planète, car si nos voitures deviennent « jetables », ce sont autant de batteries qui se retrouveront dans la nature.

D’où l’importance de trouver aussi des solutions pour les recycler. Vous l’aurez compris, l’industrie automobile n’en a pas fini de se creuser les méninges pour faire de la voiture électrique une technologie fiable et durable.

Minerais du sang exploités en RDC

La RDC accuse Apple d’utiliser des minerais provenant de mines congolaises « exploitées illégalement »

Selon les avocats mandatés par Kinshasa, ces minerais seraient ensuite « transportés hors du pays, et notamment vers le Rwanda, où ils seraient blanchis ». 

Dans une mine d’or de Luhihi, dans la province orientale du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, en mai 2023.
Dans une mine d’or de Luhihi, dans la province orientale du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, en mai 2023.  ALEXIS HUGUET / AFP

La République démocratique du Congo (RDC) accuse le groupe Apple d’utiliser dans ses produits des minerais « exploités illégalement » qui proviendraient « de mines congolaises » au sein desquelles « de nombreux droits humains sont violés », selon des documents consultés par l’Agence France-Presse (AFP). Selon les avocats mandatés par la RDC, ces minerais seraient ensuite « transportés hors de la RDC, et notamment vers le Rwanda, où ils seraient blanchis ».

« Il ressort du dossier » remis par la RDC « que la société Apple utilise dans ses produits des minerais stratégiques achetés au Rwanda », affirment les avocats mandatés pour rédiger une mise en demeure, sommation avant le déclenchement d’une procédure judiciaire.

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« Le Rwanda est un acteur central de l’exploitation illégale de minerais, et notamment de l’exploitation de l’étain et du tantale en RDC », affirment les avocats. « Après leur extraction illégale, ces minerais sont importés par contrebande au Rwanda, où ils sont intégrés dans les chaînes d’approvisionnement mondiales », affirme la mise en demeure. « Ces minerais litigieux proviendraient en grande partie de mines congolaises au sein desquelles de nombreux droits humains sont violés », poursuivent les avocats.

Cette mise en demeure a été adressée cette semaine aux deux filiales d’Apple en France par les avocats français William Bourdon et Vincent Brengarth. Un courrier a également été envoyé à la maison mère américaine de l’important groupe de la tech, qui commercialise notamment l’iPhone et les ordinateurs Mac.

« Minerais du sang »

Le sous-sol de la RDC regorge de minerais, le pays étant notamment le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre. Selon un rapport de l’ONG The Enough Project, publié en 2015, « ces sites de minerais apparaissent souvent contrôlés par des groupes armés qui contraignent, par la violence et la terreur, des civils à y travailler et à transporter ces minerais. Des enfants sont également forcés à travailler dans ces mines ».

Le gouvernement de Kinshasa accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les ressources, minières en particulier, de l’est du pays, l’une des raisons pour lesquelles, selon lui, Kigali soutient la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), à l’offensive depuis plus de deux ans dans la province du Nord-Kivu. Le M23 contrôle actuellement de larges pans du Nord-Kivu et encercle le chef-lieu de la province, Goma.

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  En RDC, explosion du cobalt artisanal, face noire de l’énergie verte

Cette mise en demeure d’Apple s’explique selon ces avocats « par l’extraordinaire gravité de la situation dans l’est de la RDC, qui est source de très graves dommages à la population locale et à l’Etat congolais ».

« La responsabilité d’Apple, et au-delà des grands fabricants de high-tech, quand ils utilisent des minerais du sang, est restée depuis longtemps une boîte noire », ont déclaré jeudi à l’AFP les avocats William Bourdon, avocat au bureau de Paris, et Robert Amsterdam, avocat au barreau de Londres.

Nestlé contaminé par des Matières Fécales

Au moins deux millions de bouteilles de Perrier détruites à la suite d’une contamination bactérienne

La destruction de bouteilles de Perrier « par précaution » concerne au moins deux millions de bouteilles, apprennent franceinfo et « Le Monde », mercredi.

Nestlé a détruit une partie de sa production d’eau en bouteille Perrier après avoir observé une dégradation de la qualité de l’eau dans l’un de ses puits du Gard. (MIKAEL ANISSET / MAXPPP)
Nestlé a détruit une partie de sa production d’eau en bouteille Perrier après avoir observé une dégradation de la qualité de l’eau dans l’un de ses puits du Gard. (MIKAEL ANISSET / MAXPPP)

À peine trois semaines après les révélations sur un potentiel risque sanitaire lié aux eaux minérales naturelles du groupe Nestlé, la multinationale annonce avoir détruit au moins deux millions de bouteilles de la marque Perrier à la suite d’une dégradation de la qualité de l’eau dans l’un des sept puits de son usine du Gard. Selon un arrêté préfectoral consulté par franceinfo et Le Monde, qui n’a jusqu’à présent pas été rendu public en dépit des obligations légales, deux autres puits sont désormais exploités pour produire, dans des conditions floues, une nouvelle gamme de boissons gazeuses.

Des traces de matières fécales et de germes

Mercredi 24 avril, Nestlé Waters France, filiale du leader mondial de l’agroalimentaire, a annoncé à l’AFP avoir, « par précaution », détruit « plusieurs lots de bouteilles », habituellement livrés en magasin. Une destruction qui concerne au moins deux millions de bouteilles, comme l’annonce à franceinfo et au journal Le Monde l’entreprise Nestlé, qui assure que « toutes les autres bouteilles sur le marché peuvent être consommées en toute sécurité ». Concernant la contamination de ses bouteilles d’eau minérale, Nestlé se contente d’évoquer une « déviation microbiologique ponctuelle » apparue à la suite « des très fortes pluies liées à un évènement de type méditerranéen récent dans le Gard », la tempête Monica qui a frappé le sud-est de la France pendant le week-end du 10 mars.

De son côté, le préfet du Gard annonce avoir mis en demeure l’entreprise de « suspendre sans délai » l’exploitation d’un des puits de son usine de Vergèze dans le Gard, où est mise en bouteille l’eau de Perrier. Ce captage aurait en effet « présenté un épisode de contamination à partir du 10 mars 2024 et sur plusieurs jours par des germes témoins d’une contamination d’origine fécale (coliformes, Escherichia coli) mais aussi par des germes de l’espèce Pseudomonas aeruginosa ». Il est aussi indiqué « qu’une contamination des eaux conditionnées à partir de ce forage ne peut être exclue et peut faire courir un risque pour la santé des consommateurs ».

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Le puits dont l’exploitation a été suspendue se trouve à Vergèze, où est historiquement puisée l’eau de la marque Perrier, créée en 1903. Or, comme l’avaient révélé Franceinfo et Le Monde récemment, les ressources en eau exploitées par Nestlé à Vergèze font l’objet de contaminations régulières, et ce depuis des années, tout comme celles de l’autre usine d’eau minérale Nestlé en France, dans les Vosges, où sont produites les marques Vittel, Hépar et Contrex.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut polluer

Impact paradoxal de la baisse de pollution sur la température mondiale

La baisse des niveaux de pollution pourrait avoir contribué de manière significative à la hausse de la température mondiale entre 2001 et 2019, selon une étude publiée mercredi dans la revue Communications Earth & Environment. Le phénomène s’expliquerait par une diminution de la nébulosité engendrée par les mesures anti-pollution. Des incertitudes subsistent cependant quant à l’ampleur du phénomène. Explications :

Les émissions de gaz à effet de serre et l’avènement d’un épisode de type El Niño ont beaucoup influencé la température mondiale en 2023, année la plus chaude sur Terre depuis le début des mesures. Mais ils ne sauraient expliquer à eux-seuls les hausses observées. Les bilans radiatifs et l’albédo terrestre ont également joué un rôle.

Evolution de la température moyenne mondiale depuis le début des mesures, par rapport à la moyenne 1850 - 1900 [OMM/NASA]
Evolution de la température moyenne mondiale depuis le début des mesures, par rapport à la moyenne 1850 – 1900 [OMM/NASA] 

La baisse de pollution aggrave le réchauffement climatique

La lutte contre la pollution, autrement dit, la disparition de la couverture d’aérosols qui réfléchit la lumière solaire vers le ciel, aggrave le réchauffement. Cela pourrait représenter jusqu’à 40% de l’augmentation de l’énergie qui réchauffe la planète entre 2001 et 2019.

Situé au sommet d'une caldeira volcanique active, l’emblématique Old Faithful Geyser prend vie (toutes les 90 minutes) dans le bassin supérieur du Geyser du parc national de Yellowstone, Wyoming, le 18 septembre 2022. (GEORGE ROSE / GETTY IMAGES)
Situé au sommet d’une caldeira volcanique active, l’emblématique Old Faithful Geyser prend vie (toutes les 90 minutes) dans le bassin supérieur du Geyser du parc national de Yellowstone, Wyoming, le 18 septembre 2022. (GEORGE ROSE / GETTY IMAGES)

Une mauvaise nouvelle, un peu dérangeante : la baisse de la pollution à l’échelle de la planète aggrave le réchauffement climatique. Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous confirme que la pollution a baissé globalement dans le monde – le contrôle de la qualité de l’air mené depuis les années 1990 porte ses fruits. Mais on voit aujourd’hui que cela a un effet retors.



franceinfo : Cet air plus pur, contrôlé depuis plus de 30 ans dans le monde, aggrave le réchauffement climatique ?

Mathilde Fontez : Oui, c’est assez dérangeant. Le sujet est dans toutes les discussions entre les experts aujourd’hui. D’autant plus qu’on est en train de tirer le bilan de l’année 2023 : année record sur tous les plans, la plus chaude de l’histoire. Et c’est – en partie – à cause de la baisse de la pollution. 

Une série d’études viennent de quantifier cet effet, et elles montrent qu’il est important : la baisse de la pollution serait responsable de la moitié de l’accélération actuelle du taux de réchauffement. 

La dernière étude qui vient d’être publiée le 3 avril 2024 par des chercheurs de l’institut Cicero en Norvège, et qui se base sur les observations satellites, évalue qu’elle pourrait représenter 40% de l’augmentation de l’énergie qui a réchauffé la planète entre 2001 et 2019. 

Comment la baisse de la pollution provoque-t-elle un réchauffement ? 

Lorsqu’elles sont en suspension dans l’air, les particules de pollution réfléchissent la lumière dans l’espace, et provoquent donc un refroidissement. Si on en a moins, il y a réchauffement. Les particules peuvent aussi augmenter le nombre de gouttelettes dans l’air : faire de plus grands nuages, qui durent plus longtemps – or les nuages aussi réfléchissent la lumière. 

En gros, la Terre polluée est plus réfléchissante. Non polluée, elle est plus sombre, et donc elle capte plus la chaleur du soleil. Ces phénomènes sont connus depuis longtemps. Mais ce qu’on découvre aujourd’hui, c’est l’importance de l’effet, et sa complexité. Difficile de prédire précisément comment cela va évoluer. 

Les chercheurs voient que ces mécanismes ont un impact sur la température globale, mais aussi sur la circulation atmosphérique, sur les vents, sur les moussons.

Parce qu’il ne s’agit pas, bien sûr, d’arrêter de dépolluer ? 

Encore Un projet D’asséchement

Mine de lithium dans l’Allier : la future usine de conversion sera implantée près de Montluçon

Source : TF1 Info

L’usine de conversion de lithium du groupe Imerys va être installée près de Montluçon (Allier), à une quarantaine de kilomètres du gisement.Le groupe, spécialisé dans la production et la transformation des minéraux industriels, ambitionne d’y produire de l’hydroxyde de lithium pour 700.000 voitures par an à partir de 2028, pour au moins 25 ans.

Du lithium local, pour réduire la dépendance de la France. Le groupe Imerys, spécialisé dans la production et la transformation des minéraux industriels, a annoncé, lundi 29 janvier, que son usine de conversion de lithium serait installée près de Montluçon (Allier), à une quarantaine de kilomètres du château de Beauvoir à Échassières, où il prévoit d’installer sa mine souterraine d’extraction. « L’usine de conversion sera située dans l’agglomération de Montluçon, dans la commune de Saint-Victor » sur une friche industrielle, a indiqué Alan Parte, vice-président en charge des projets lithium chez Imerys.

Sous la carrière blanchâtre de kaolin que le groupe minier français exploite depuis 2005, dort un gisement de 118 millions de tonnes de minerai contenant du lithium. Sa présence est liée à la formation d’anciennes chaînes de montagne, il y a plus de 300 millions d’années. Mais pour l’extraire, il faut forer à 50 m de profondeur. « On va creuser une galerie souterraine qui va descendre sous la forme hélicoïdale (en spirale, ndlr). Et toute l’exploitation se fera en sous-terrain », explique, au micro de TF1, Christopher Heymann, directeur du site d’Imerys à Échassières, dans le vidéo de « Bonjour ! La Matinale TF1 » visible en tête de cet article. 

La France entend ainsi se défaire de sa dépendance, notamment vis-à-vis de la Chine, pour fabriquer des batteries à destination des voitures électriques, alors la vente de véhicules thermiques neufs sera interdite dans l’Union européenne (UE) à partir de 2035. L’usine de conversion, qui emploiera entre 200 et 250 personnes, permettra d’extraire le lithium du mica pour produire 34.000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, de quoi alimenter 700.000 véhicules électriques à partir de 2028, pour au moins 25 ans.

Le projet suscite des craintes localement

Le minerai sera d’abord transporté depuis la mine dans des canalisations enterrées vers une station de chargement qui sera installée sur les communes de Naves et Saint-Bonnet-de-Rochefort, à une quinzaine de kilomètres. « Nous avons choisi un lieu (…) en contrebas de l’autoroute A71 qui fera écran à la fois en termes sonore et visuel pour les habitations les plus proches, situées à environ 450 à 500 mètres » et « l’emprise au sol sera réduite à une quinzaine d’hectares », déclare à l’AFP le responsable en charge du projet Emili. Des trains transporteront ensuite le minerai vers l’usine de conversion de Montluçon. 

Imerys a déjà investi 40 millions d’euros pour ses recherches, mais le projet suscite des craintes localement. Elles portent, notamment, sur la baisse du niveau de la nappe phréatique et sur la question de la quantité d’eau utilisée pour extraire les minerais, ainsi que sur le risque de pollution. Face aux critiques environnementales, le groupe assure de son côté « réduire les impacts négatifs », évoquant un « surcoût d’environ 20% » pour faire de ce projet « un projet responsable », alors qu’un débat public doit se tenir de mars à juillet.


M.D. avec AFP

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Ce n’est pas pour nous…

Pneu sans air de Michelin : en France, mais pas pour vous

Michelin peut utiliser à peu près n'importe quelle gomme sur le pneu Uptis. Il est donc configurable à souhait, selon le véhicule sur lequel il est posé.
Michelin peut utiliser à peu près n’importe quelle gomme sur le pneu Uptis. Il est donc configurable à souhait, selon le véhicule sur lequel il est posé. © Michelin 

Le pneu Uptis de Michelin arrive enfin en France pour des phases de tests sur route ouverte et visibles pour le grand public. Mais n’espérez pas l’acheter avant la fin de la décennie.

Pourra-t-on encore faire le coup de la panne à sa moitié après 2030, quand les turbos, embrayages, injecteurs, filtres à particules commenceront à se faire un peu plus rares en concession et sur la route ? Il resterait bien le coup du pneu crevé, mais là aussi, la technologie voudrait visiblement nous faire échapper à ce désagrément. Michelin teste depuis déjà quelques mois son révolutionnaire pneu lamellaire. Une solution technique mise à l’épreuve par l’Automobile Magazine bien avant les autres, en 2022. Depuis, Michelin a mis à contribution son pneu chez DHL à l’autre bout de la planète en service de livraison à Singapour. Mais Uptis fait enfin son entrée sur ses terres.

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La Poste plus à plat, et toujours gonflée

General Motors a également testé le pneu Michelin
General Motors a également testé le pneu Michelin© Steve Fecht for General Motors

C’est donc le groupe La Poste qui a la primeur d’Uptis en France. Les services postaux de livraison de colis vont tester le pneu sans air dans les Hauts de France jusqu’à la fin 2024. Une quarantaine d’utilitaires légers rouleront sur ces gommes d’un nouveau genre. Un retour du terrain précieux pour Michelin qui avait toutefois déjà prévenu l’an dernier : le pneu Uptis ne verra pas le jour en commercialisation pour le grand public avant la fin de la décennie. Et rappelons que Michelin n’est pas seul sur cette technologie puisque Goodyear travaille également sur un pneu similaire. Les deux entreprises se concurrencent également sur les futurs pneus « durables » en matériaux recyclés.

Goodyear travaille également sur un pneu sans air
Goodyear travaille également sur un pneu sans air© Goodyear
Il est possible d'adapter ce pneu à l'hiver, l'été ou le 4 saisons
Il est possible d’adapter ce pneu à l’hiver, l’été ou le 4 saisons© Goodyear

Internet : le plus gros pollueur de la planète ?

Pollution internet

Bilan de la pollution émise par internet

Lorsque l’on souscrit un contrat d’énergie, chez EDF ou un fournisseur autre, on peut logiquement penser que c’est notre consommation courante qui utilise le plus d’énergie, mais à tort !

Si Internet était un pays, il serait le 3ème plus gros consommateur d’électricité au monde avec 1500 TWH par an, derrière la Chine et les Etats-Unis. Au total, le numérique consomme 10 à 15 % de l’électricité mondiale, soit l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires. Et cette consommation double tous les 4 ans !


Ainsi selon le chercheur Gerhard Fettweis, la consommation électrique du web atteindrait en 2030 la consommation mondiale de 2008 tous secteurs confondus. Dans un futur proche, Internet deviendrait ainsi la première source mondiale de pollution.


Cette croissance du web est telle qu’elle constitue un véritable enjeu environnemental pour les années à venir. Dans un climat de transition énergétique où l’on tend vers la fin du nucléaire, il paraît essentiel de prendre en compte la consommation exponentielle du numérique, qui risque d’être dure à alimenter avec des énergies renouvelables. En matière d’émissions de CO2, internet pollue 1,5 fois plus que le transport aérien. La moitié des gaz à effet de serre produits par internet provient de l’utilisateur, l’autre moitié étant divisée entre le réseau et les data centers.

L’impact environnemental des data centers

Avec le développement du big data, les centres de données sont un véritable symbole de la croissance du numérique. Leur impact écologique, qui était encore minime il y a 15 ans, représente désormais 4% de la consommation électrique mondiale. Un data center consomme autant d’électricité que 30 000 habitants européens. Ainsi, les 182 centres de données présents sur le territoire français en 2016 concentrent 8% de la consommation électrique nationale.

Des mesures sont actuellement prises pour réduire l’impact environnemental des data centers :

  • les alimenter à 100 % par des énergies renouvelables, comme commencent à le faire Facebook, Google et Apple.
  • les localiser dans les pays nordiques, afin de profiter de l’air frais pour refroidir les ordinateurs et ainsi minimiser l’utilisation de la climatisation, qui représente 40% de leur consommation énergétique.
  • réutiliser la chaleur émise en redirigeant les flux d’air ou les circuits d’eau. En Seine-et-Marne par exemple, un centre nautique et une pépinière d’entreprises du Val d’Europe l’expérimentent avec le data center voisin.

L’empreinte écologique des internautes

N’oublions pas l’utilisateur, responsable de 50 % des gaz à effet de serre d’internet ! Nous étions 3,9 milliards d’internautes en 2016 (47 % de la population mondiale) et d’après Google nous dépasserons les 5 milliards en 2020 (+30%). Il est donc nécessaire de sensibiliser les internautes sur leur impact écologique et les gestes permettant de réduire leur empreinte carbone.

Les emails

Plus de 12 milliards de mails sont envoyés chaque heure dans le monde, émettant au total 50 Giga Watt Heure, soit la production électrique de 18 centrales nucléaires pendant une heure. L’envoi d’un mail avec une pièce jointe de 1 Mo dégage 19 grammes de CO2 et sa consommation électrique est équivalente à celle d’une ampoule pendant une heure.

Mesures possibles :

  • Garder seulement les emails nécessaires. En effet un message conservé dans la boîte mail fait tourner des serveurs, qui vont scanner nos emails en permanence.
  • Se désabonner des newsletters inutiles.
  • Compresser les pièces jointes et envoyer les photos en basse résolution.
  • Limiter le nombre de destinataires lors de l’envoi d’un email.

La navigation sur le web

Chaque heure dans le monde, plus de 140 millions de requêtes sont effectuées sur Google. D’après M. Wissner-Gross, chercheur à Harvard, chaque requête Google émet 7 grammes de CO2. Ainsi en une heure, le CO2 émis par les mails du monde entier équivaut à 1000 aller retours Paris – New York.

Mesures possibles :

  • Prendre le temps de bien formuler ses requêtes et ne pas hésiter à utiliser les opérateurs de recherche si vous naviguez sur Google.
  • Enregistrer les sites que vous visitez fréquemment en favori. Cela évite l’usage de requêtes pour les retrouver.
  • Choisir un moteur de recherche responsable, qui compense les émissions carbones. C’est le cas de Lilo ou du français Ecogine, qui financent des projets sociaux et environnementaux ou encore d’Ecosia, qui plante un arbre toute les 7 secondes.
  • Limiter l’utilisation du streaming. Regarder un film en streaming nécessite la connexion avec un serveur pendant toute la durée du visionnage. Ainsi, des études ont montré que regarder un film haute définition en streaming émet autant de gaz à effet de serre que la fabrication, le transport et la lecture d’un DVD.
  • Garder sur le cloud seulement les fichiers importants. Le stockage de données sur Internet est en forte croissance, prenant peu à peu la forme d’un nuage de pollution. L’apparence infinie du cloud entraîne le dépôt de fichiers souvent lourds, qui nécessitent l’utilisation 24h/24 de serveurs pour les stocker.
  • N’utilisez les recherches internet que lorsque c’est vraiment nécessaire. En plus, cela devrait faire baisser le prix de votre abonnement edf.

Sources :

  • Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)
  • Internet : la pollution cachée. France 5

stocker de l’énergie solaire dans du Béton ?

On peut stocker de l’énergie solaire à moindre coût grâce au béton

On peut stocker de l'énergie solaire à moindre coût grâce au béton

Ce béton permet de stocker l’énergie solaire. – © ENERGIESTRO

– Une solution potentiellement moins chère et plus écolo que les batteries Tesla et qui plus est made in France. Et si la solution du stockage des énergies renouvelables se trouvait dans le béton ? C’est en tout cas le pari d’André Gennesseaux, un ingénieur français, et fondateurs de la société Energiestro.

Cette solution a un nom : VOSS, le petit nom du concept pour Volant de Stockage Solaire. Des cylindres de béton qui gardent l’énergie solaire sous forme d’énergie cinétique pour la stocker.Il est parti d’un constat simple : la demande de stockage des énergies renouvelables est très forte, car les batteries classiques au lithium utilisées jusqu’à présent pour le stockage des énergies vertes, sont peu rentables. “Ces batteries s’usent et perdent de leur capacité de stockage rapidement. Le coût de stockage est donc élevé.”Sans occulter le fait qu’une autre limite de l’énergie solaire est son intermittence. “La majorité de l’énergie arrive en milieu de journée, alors même que l’on en a besoin principalement le soir. Il fallait trouver une solution efficace et économique pour ne pas dépendre des éléments”, estime André Gennesseaux.


Les premiers essais se sont concentrés sur l’acier puis la fonte, mais dans leur quête du stockage à faible coût, ces deux matériaux n’ont pas réussi à faire leurs preuves. Trop chers. C’est alors qu’ils se penchent sur le béton. Banco !1 à 2 centimes du kWh“Le béton est extraordinaire pour stocker l’énergie, car il permet de réaliser un stockage dix fois moins coûteux.” 1 à 2 centimes par kilowatt-heure, contre environ 10 centimes avec des batteries classiques. Mais alors pourquoi personne ne s’est penché sur ce matériau plus tôt ? Car il a fallu trouver une formule de béton qui permette de le soumettre à force très importante sans qu’il se fracture

La recette consiste à comprimer le béton avec un “enroulement sous tension”. C’est-à-dire ? “Il est un peu ficelé comme un rôti”, vulgarise André Gennesseaux. Grâce à cela, la pièce de béton peut tourner aussi vite qu’on le veut, sans que le béton ne souffre.


Un volant en béton qui stocke l’énergieMais, concrètement, comment le béton stocke-t-il l’énergie ? Comme nous l’expliquions précédemment, grâce à des volants.“Lorsque l’énergie arrive en trop grande quantité, un moteur s’actionne pour faire tourner le volant de béton (jusqu’à 1 000 km/h) qui va garder l’énergie, sous forme d’énergie cinétique, pendant plusieurs heures.” Un système qui s’inverse lorsque l’on souhaite récupérer l’énergie, “le volant entraîne le moteur qui va produire de l’électricité, comme un alternateur”, détaille André Gennesseaux.Mais quid de la pollution générée par la fabrication du béton ? Une question que l’ingénieur ne peut pas éviter et à laquelle il a réfléchi avant de se lancer dans ses recherches. “Effectivement, le béton produit beaucoup de CO2, mais ce matériau, malgré cela reste 3 ou 4 fois moins polluant que le lithium, actuellement présent dans les batteries.”.

L’économie allemande prend l’eau

La crise énergétique, les tendances inflationnistes et les tensions internationales affaiblissent la robustesse d’un modèle industriel basé sur les exportations.

Le chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) à côté d’un barrage. où l’eau est pompée, à Oberroeblingen, dans l’est de l’Allemagne, alors qu’ils visitent une zone inondée le 4 janvier 2024.

Le chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) à côté d’un barrage. où l’eau est pompée, à Oberroeblingen, dans l’est de l’Allemagne, alors qu’ils visitent une zone inondée le 4 janvier 2024.

Jan Woitas/Pool/AFP

L’économie allemande a basculé dans le rouge l’an dernier en raison du coût de l’énergie, des taux d’intérêt élevés et du ralentissement de la demande extérieure, qui affaiblissent sa puissance industrielle et ses exportations.

Le produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne a reculé de 0,3% en 2023, après une hausse de 1,8% en 2022, selon des données corrigées des variables de prix dévoilées lundi par l’Office national des statistiques Destatis. En données corrigées des variables de calendrier et de prix, le PIB annuel chute de 0,1%.

Ces résultats sont certes un peu meilleurs que les prévisions du gouvernement et du FMI, qui prévoyaient respectivement une contraction de l’économie allemande de 0,4% et de 0,5% pour 2023.

Mais le pays fait nettement moins bien que la moyenne de l’UE, qui devrait atteindre une croissance de 0,6% en 2023, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, avec des hausses marquées pour la France, l’Espagne ou l’Italie.

La crise traversée par l’Allemagne, dont l’économie s’est contractée l’an dernier, alimente le débat sur son modèle industriel tourné vers les performances à l’exportation.

Cette obsession pour les excédents commerciaux, encouragée depuis plus d’un siècle par les dirigeants du pays, est fragilisée par l’évolution du commerce mondial, explique à l’AFP Jan-Otmar Hesse, chercheur en histoire économique à l’Université de Bayreuth.

Depuis quand l’Allemagne a-t-elle fait de ses succès à l’exportation un objectif national? 

«Cette fierté se construit sur une très longue période. Elle existe déjà à la fin du XIXe siècle. Juste après la Seconde Guerre mondiale, les exportations ont été très fortement encouragées, avec des aides publiques. On disait que les excédents commerciaux étaient nécessaires pour importer ce que nous consommions, les denrées alimentaires, le coton et plus tard les produits industriels.» 

«Il existe toujours un large consensus social sur ce sujet. Les États-Unis sont également performants à l’exportation mais les Américains consomment tellement qu’il n’y a pas d’excédent commercial (à cause des importations, ndlr). En Allemagne, ce serait difficile à concevoir.»

Il y a eu deux moments où l’Allemagne a été «championne du monde», exportant plus de biens que n’importe quel autre pays au monde, entre 1986 et 1988 et au début des années 2000. La seconde fois, l’Allemagne a profité fortement de l’introduction de l’euro.

Quel rôle jouent les gouvernements dans le développement de cette stratégie?

«A plusieurs périodes, il y a eu une convergence d’intérêts entre les entreprises qui veulent se développer à l’international et les politiques qui voient dans le soutien aux industries d’exportation un moyen de surmonter des crises.»

«À la fin des années 1970, l’Allemagne connaît deux années où la balance des paiements est négative. Le concurrent identifié est le Japon et la politique économique allemande tente alors de promouvoir fortement les exportations avec des aides financières et des crédits.»

«Dans les années 1970, la politique économique allemande a encouragé la délocalisation de la production des entreprises industrielles. On les aide à créer des sites de production à l’étranger, surtout dans l’industrie textile parce qu’on pense que cette industrie, qui exporte beaucoup, doit réduire ses coûts de production.»

Ce modèle exportateur a-t-il de l’avenir?

«Si la demande internationale baisse, alors l’économie allemande est bien sûr plus vite en récession que d’autres pays qui ne sont pas aussi fortement liés à l’international. C’est ce qui se passe en ce moment. Le plus gros problème pour l’industrie allemande en ce moment est la Chine (premier partenaire commercial, ndlr). L’avenir du modèle de croissance allemand dépendra de sa capacité à éliminer les risques géopolitiques tout en continuant à profiter de la division internationale du travail.»

«L’Allemagne se trouve un peu à un tournant de son intégration dans l’économie mondiale. Cela pourrait aboutir à ce que l’économie allemande «s’européanise» davantage ou bien cherche d’autres parties du monde, par exemple en Asie, pour délocaliser des sites de production.«

«Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une crise profonde, que le modèle ait échoué. Mais il serait judicieux pour les entreprises d’investir davantage en Allemagne, pour former la main-d’œuvre, avoir de bonnes universités, une bonne infrastructure. Car ces dernières années, les excédents commerciaux ne sont pas revenus en Allemagne, ils ont été investis à l’étranger.»

La troisième économie mondiale est également à la traîne des autres grands pays industriels, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.

La fin d’année a été encore moins bonne que les trimestres précédents avec un PIB estimé en recul de 0,3% entre septembre et décembre, selon une estimation préliminaire de Destatis. 

Année «turbulente»

Attendue, cette récession n’en reste pas moins une mauvaise nouvelle pour le gouvernement d’Olaf Scholz déjà aux prises avec une impopularité record et une multiplication des revendications sociales.

«L’année 2023 a été turbulente, avec une économie en mode de crise permanent», commente Carsten Brzeski, analyste pour la banque ING.

L’économie allemande est plombée par la crise de son puissant secteur industriel, qui représente environ 20% de la richesse produite dans le pays. La production reste inférieure de plus de 9% à son niveau d’avant la pandémie de Covid-19.

Le secteur a été ralenti par une demande intérieure atone, en raison de l’inflation -qui a atteint 5,9% en 2023- et des hausses de taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE). Selon Destatis, la consommation privée a reculé de 0,8% sur un an. Le bâtiment en a particulièrement souffert, avec un recul de 2,1% des investissements.