Nouvelle-Calédonie : Après avoir laissé de belles cicatrices, la filière nickel au bord de la faillite
Le suisse Glencore a annoncé, lundi 12 février, l’arrêt de son usine de Koniambo, qui croule sous les pertes. Les deux autres usines de l’archipel sont également en très grandes difficultés financières.
Nouvelle-Calédonie : coup dur pour l’Etat, le géant du nickel Glencore va placer l’usine Koniambo en sommeil
C’est le scénario catastrophe redouté par l’État qui se met en place, même si cela se passe à 17 000 kilomètres de la métropole. Le géant suisse Glencore a annoncé, lundi 12 février, l’arrêt de son usine de production de ferronickel de Koniambo (KNS) en Nouvelle-Calédonie, faute de rentabilité. Elle va être mise en sommeil, avec notamment le maintien des fours en température, pour au moins six mois, le temps de trouver un repreneur éventuel.
[Article publié le lundi 12 février à 12h07, mis à jour à 14h54] Sérieux revers pour l’État. Comme il l’avait annoncé fin 2023, le géant suisse du négoce des matières premières Glencore a confirmé ce lundi son intention de mettre en sommeil l’usine de production de ferronickel Koniambo Nickel SAS (KNS). Le groupe estime qu’il ne peut « pas continuer à financer les pertes au détriment de ses actionnaires » et a donc pris la décision de placer ces activités en opérations d’entretien et de maintenance.
Concrètement, les fours resteront chauds pendant six mois et tous les employés – 1.300 salariés – conserveront leur poste pendant la période de transition, l’objectif étant de maintenir les activités critiques et garantir la sécurité du site. Un budget a été alloué pour cette période de transition, indique le communiqué, sans fournir de détails financiers. Ce maintien à chaud doit permettre de relancer rapidement l’activité « si un repreneur était identifié dans les six mois », a indiqué la direction de KNS.
Glencore détient 49% de KNS, les 51% restant appartenant à des intérêts publics. Mais le groupe basé en Suisse est le seul financeur de ce site mis en service en 2014. Projet phare du rééquilibrage entre les provinces calédoniennes Nord – où elle est installée, dans le massif du Koniambo – et Sud, cette usine n’a jamais été rentable.
À la recherche d’un nouveau partenaire
Glencore, qui gère toutefois cette mine en Nouvelle-Calédonie dans le cadre d’une co-entreprise avec la Société Minière du Sud Pacifique SA (SMSP), « va lancer prochainement le processus pour identifier un nouveau partenaire industriel potentiel pour KNS », poursuit le groupe.
Le cabinet du ministre de l’Économie, n’a pas tardé à réagir à cette annonce.
« La recherche de repreneurs est essentielle et nous sommes prêts à l’accompagner », a-t-il indiqué. « Il faut impérativement que des industriels prennent des risques économiques dans ces opérations », a-t-il rappelé.
Le cabinet du ministère de l’Économie a aussi insisté sur le « soutien exceptionnel » déjà apporté à KNS, pour lequel « il n’est pas possible d’aller au-delà ». La semaine dernière, Bruno Le Maire avait indiqué avoir fait proposé « 60 millions d’euros de subventions sur le prix de l’énergie, 45 millions d’euros de ressources supplémentaires, un prêt de 100 millions : 200 millions d’euros pour la seule usine du nord pour garantir sa pérennité sous forme de soutien public », avait-il affirmé.
Reste que, pour Glencore, les coûts de fonctionnement sont « élevés » et « les conditions de marché actuellement très faibles », même avec l’assistance proposée par le gouvernement français. Si bien que les activités de Koniambo Nickel ne sont « pas rentables ». Sa dette, colossale, s’élève à près de 14 milliards d’euros. Il indique néanmoins qu’il « apprécie les efforts du gouvernement français pour revitaliser et sauver l’industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie ».
Une filière en difficulté
La filière d’extraction et de raffinage du nickel dans l’archipel français du Pacifique sud est portée par deux autres sociétés, la SLN et Prony. C’est la principale ressource de la Nouvelle-Calédonie : elle représente près d’un quart des emplois privés et 20% de son produit intérieur brut (PIB). Reste qu’elle est plombée par la combinaison d’une chute des cours, d’une énergie coûteuse et d’une hausse de la concurrence étrangère, ce qui a fait plonger dans le rouge les trois usines métallurgiques et a poussé le gouvernement à se pencher sur leur sort.
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