Pourquoi le conflit entre Israël et le Hamas pourrait faire s’envoler le prix du pétrole
Le Hamas a lancé samedi 7 octobre une offensive contre Israël. Une déclaration de guerre qui pourrait avoir des conséquences économiques, notamment sur le prix du pétrole.
Des puits de pétrole en Iran, le 12 mars 2017
Quand le Moyen-Orient s’enflamme, le baril de brut s’envole. Après les terribles attaques du Hamas sur Israël, les spécialistes redoutent des ruptures dans l’approvisionnement en or noir, de la part d’une région-clé dans la production mondiale.
Cette fois-ci, les craintes convergent vers l’Iran, qui est très probablement, sinon l’initiateur, du moins le soutien logistique de l’offensive lancée par le mouvement palestinien. Si le régime terroriste de Téhéran était visé demain par Israël, au titre des représailles appelées par cette attaque épouvantable, le marché du pétrole pourrait être doublement secoué.
D’abord parce que les capacités de production iraniennes pourraient être atteintes, et cela pourrait réduire l’approvisionnement dans un marché déjà tendu. Ensuite parce que l’Iran pourrait menacer une nouvelle fois de fermer le détroit d’Ormuz, sur la mer Rouge, une artère maritime vitale pour les exportations des autres pays de la région.
L’Iran, acteur important sur le marché du pétrole ?
Théoriquement, le pays est toujours sous sanctions. Mais en réalité, les Etats-Unis étaient devenus assez coulants, ils permettaient à Téhéran d’exporter de plus en plus d’or noir, principalement vers la Chine. Ils espéraient un double accord avec le régime des mollahs. Sur le nucléaire d’abord, pour contenir les ambitions de l’Iran quant à leur projet d’acquérir la bombe et un accord de réconciliation entre l’Arabie Saoudite et Israël, sous leur égide. Inutile de dire que tout cela a volé en éclats.À écouter aussi
Les exportations iraniennes devraient en souffrir, réduisant l’offre de pétrole sur le marché mondial, ce qui peut faire monter les prix. Les spécialistes estiment que l’on pourrait approcher les 100 dollars le baril, contre 85 la semaine dernière. Certains redoutent un choc pétrolier analogue à celui de 1973, où le prix du baril avait été multiplié par cinq alors qu’Israël avait subi une attaque surprise de plusieurs pays arabes, comme aujourd’hui.
Nous n’en sommes pas là. La situation géopolitique n’a pas grand-chose à voir. A l’époque, tous les pays arabes étaient unis, à la fois contre Israël et pour faire exploser les prix. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il est probable que l’Arabie Saoudite n’apprécie pas du tout l’initiative guerrière du Hamas, et qu’elle en conçoive aussi du ressentiment vis-à-vis de l’Iran, parce que tout cela complique sa stratégie d’influence en déstabilisant la zone.
La géographie mondiale des producteurs d’or noir a aussi complètement changé. Le poids relatif des États-Unis est beaucoup plus élevé qu’alors, avec les gisements du bassin permien au Texas et au Nouveau-Mexique.
Un dépendance au pétrole moindre
Il y a cinquante ans, la consommation était en pleine ascension, ça n’est plus le cas, même si ça augmente encore. Peu à peu, l’électrification des usages change les paramètres. De surcroît, il y a aujourd’hui des capacités de production inutilisées, en Arabie Saoudite notamment, qui pourraient tempérer la fièvre si elle montait trop sur le marché.
Cette forte hausse serait avantageuse pour les pays producteurs, qui verront leurs revenus progresser. Et parmi ceux-là, la Russie évidemment, qui va tirer davantage de ses exportations pour financer la guerre d’Ukraine. L’attaque du Hamas sur Israël est aussi un nouveau front de l’offensive anti-Occident lancée par l’axe Moscou-Pékin-Téhéran.
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