Electrique, les ventes s’effondrent

Ventes en Europe : le diesel repasse devant la voiture électrique

Il a suffi que l’Allemagne débranche ses aides à l’achat de voitures électriques pour que les ventes s’effondrent et soulignent un succès artificiellement entretenu

Sous perfusion permanente des aides et des incitations gouvernementales, la vente des voitures électriques en Europe pouvait s’enorgueillir de progressions continues, mois après mois. Mais l’arrêt des subventions allemandes a signé une sèche volte-face du marché des électriques, passé de 18,5 % en décembre 2023 à seulement 11 % en janvier. « Ce n’était pas une bonne décision, les prises de commandes se sont arrêtées très soudainement », a souligné chez Stellantis le directeur commercial pour l’Europe, Uwe Hochgeschurtz.

Même si celui-ci se veut rassurant, en ajoutant lors d’une conférence de presse : « Au-delà de ça, ça ne change rien sur la montée en puissance du véhicule électrique. Il y aura toujours des hauts et des bas », c’est tout de même une douche froide pour les constructeurs et les pouvoirs publics qui mesurent là l’attrait vacillant d’une nouvelle technologie sur le grand public.

Lorsque l’effet d’aubaine cesse, celui-ci revient à des solutions plus classiques, c’est-à-dire thermiques et, parmi celles-ci, le diesel, ce qui n’est pas la moindre des surprises. Alors que celui-ci a reculé de 4,9 % en 2023, les ventes de ces véhicules, par nature très peu gourmands en énergie, sont reparties à la hausse pour atteindre 13,4 % de part du marché européen en janvier.

Le retour en grâce du diesel

Il s’agit d’un seul mois, donc d’une vue très parcellaire, mais elle dit bien que l’inversion de tendance est possible et pourrait même être durable, certains constructeurs, comme Volkswagen, présentant actuellement de nouveaux véhicules Passat et Tiguan diesel aux côtés de moteurs à essence et hybrides. Ces diesel, très prisés des sociétés, ont une robustesse et une côte de reprise plus prévisibles que leurs alter ego électriques, dont la performance résiduelle – et donc la valeur après quelques années d’usage – est très difficile à apprécier.

D’ailleurs, les véhicules à essence détiennent toujours la première place en Europe avec 35,2 % des ventes, devançant les hybrides qui ont légèrement reculé à 28,8 % mais vont mieux résister que les électriques pures. En effet, l’hybride rechargeable jouit d’un statut fiscal favorable, apprécié par les flottes, et n’assujettit pas le conducteur à une stratégie de déplacement et de recharge aussi contraignante que kafkaïenne.

Comparé au même mois de 2023, janvier 2024 signe des hausses globales de ventes significatives mais faussées par la pénurie de puces et les livraisons en panne pour cette raison il y a un an. Cette situation est aujourd’hui pratiquement réglée mais les à-coups de marchés seront encore à interpréter en fonction des actions réalisées ici ou là. En France, le leasing social qui a rencontré un succès inattendu, et coûté 1,5 milliard à l’État, livrera forcément des statistiques bonifiées dans les prochaines semaines mais ces transactions sont réalisées à perte.

Stellantis a déjà vu sa part de marché remonter à 19,1 %, contre 17,8 % en 2023, porté le succès des leasings Peugeot, Opel et Citroën. Volkswagen, le leader, a reculé légèrement à 25,9 % de part de marché tandis que le n° 3 Renault-Dacia, en attente de nouveaux produits, baisse de 2,9 % sur un an, avec 10,1 % de part de marché. Mais la guerre va être féroce cette année et les marges rognées des marques qui tentent de compenser la baisse ou les pertes de bonus gouvernementaux, vont entamer l’équilibre économique de celles-ci. Le grand public ne s’y trompe pas et commence à croire que la clause de revoyure sur la mise à l’écart par l’Europe des motorisations thermiques en 2035 verra ajournée cette funeste mesure à la faveur des prochaines élections européennes.

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